Deux grandes gueules (Sergio Corbucci, 1974)

Un film rare et précieux au sein de la filmographie de Corbucci. Empruntant allègrement à la farce, le cinéaste dresse un portrait à la fois drôle et grossier, fantasque et touchant de deux routiers (admirablement campés par Michel Constantin et Giancarlo Giannini) mus par des désirs d'indépendance et donc de liberté. Mais comme souvent dans la comédie italienne, particulièrement au milieu des années 70, la farce truculente se transforme rapidement en drame intime et humain. Finances en berne, suicide, problèmes sociaux, mafia... rien n'est épargné à nos deux antihéros. L'apparente modestie des moyens n'empêche pas le film de tutoyer l'excellence. L'impressionnante acuité des auteurs à dépeindre des personnages constamment attachants et la justesse du regard posé sur la réalité sociale et économique d'alors y sont pour beaucoup.