Un linceul n'a pas de poches (Jean-Pierre Mocky, 1974)

L'un des deux ou trois Mocky les plus convaincants de la décennie, disposant pour ne rien gâcher d'une distribution cinq étoiles. La fougue anarchiste et libertaire du bonhomme est ici à son paroxysme, les notables et leurs combines y étant crûment (mais justement) chargés. A ce titre, la scène la plus réussie est celle de l'entrevue entre Lonsdale, Marielle, Gélin et Constantin: toute l'ignominie et la crapulerie des privilégiés se retrouvant concentrées en quelques minutes. C'est à l'énergie du désespoir que Mocky fait avancer son personnage qui, préférant les coups à la compromission, reste lucide sur le pouvoir. A cet égard, la fin est une des plus sombres de sa filmographie: Dolannes refusant l'héroïsme devient, cruelle ironie, un martyr de la liberté. Réussi.