
Morbo (Gonzalo Suarez, 1972)
Même si le film n'atteint pas les sommets de Ditirambo, il faut admettre que parvenir à faire de l'atmosphère oppressante un personnage à part entière tient du tour de force. Tenir en haleine le spectateur avec l'inquiétude grandissante qui s'empare de la jeune épouse (Ana Belen, d'une beauté renversante) n'est pas une mince affaire ; Suarez s'en acquitte avec mérite. Sorte de huis-clos à ciel ouvert, métaphore du mariage dont l'échec est en germe dès la bague passée au doigt, Morbo est peu aimable de prime abord. La nature, si revigorante d'habitude, exacerbe ici les tensions et la paranoïa, comme cette mystérieuse maison dont on ne sait si elle tient du fantasme ou de la réalité.