Le sang du damné (Hideo Gosha, 1966)
La première incursion de Gosha dans le polar est, disons-le sans ambages, un film merveilleux. Empreint de mélancolie, réflexion déchirante sur la rédemption, Le sang du damné s'impose comme l'un des films nippons les plus bouleversants des années 60. Après un générique expérimental qui introduit excellemment le propos, le cinéaste décline son admirable savoir-faire en matière de mise en scène (un savant mélange de violence et de romantisme que n'auraient pas renié Samuel Fuller ou Nicholas Ray), de maîtrise du CinemaScope et de direction d'acteurs (la gamine est formidable et son acteur fétiche, Tatsuya Nakadai, incarne avec talent cet homme rongé par la culpabilité). La sidérante beauté de la photographie et l'impeccable bande originale aux accents tour à tour pop ou jazzy font le reste. On en ressort enthousiasmé !