Donne-moi tes yeux (Sacha Guitry, 1943)

Est-ce le climat d'alors ? Est-ce la suspicion de collaboration qui entourait l'artiste ? Toujours est-il que ce film marque probablement une rupture dans le cinéma de Guitry. Ses comédies légères (mais toujours sophistiquées) sont derrière lui et Donne-moi tes yeux inaugure un cycle plus grave. Evidemment plein d'esprit, il se distingue néanmoins par un montage plus calme, comme lassé et désabusé, et un ton mélancolique. Métaphorique, la cécité qui touche son personnage s'applique aussi bien à l'art et au beau dont il est certain de conserver l'éclat en mémoire, qu'à cette France abîmée et divisée. C'est superbement amer. Un des chefs-d'oeuvre méconnu du maître.