Le tueur s'est évadé (Budd Boetticher, 1956)

Qu'il s'agisse de la concision du récit, de l'originalité des rapports entre le flic campé par Joseph Cotten et sa femme (la sublime Rhonda Flemming), de l'inoubliable Wendell Corey en psychopathe dévasté, de l'insoutenable séquence finale qui n'en finit plus d'instaurer malaise et inquiétude, les qualités de ce "petit" film noir ne manquent pas. Il ne faut jamais plus de deux ou trois plans à Boetticher pour saisir l'essentiel. Point d'effusion inutile ou de psychologie de comptoir ici, car c'est de cette vitalité qu'il tire toute sa noblesse. Sécheresse pudique, sens aigu de la mise en scène, mélancolie, voilà en substance la matrice des chefs-d'œuvre que le cinéaste réalisera par la suite avec Randolph Scott.