Pain et chocolat (Franco Brusati, 1974)

Formidablement stimulant, incroyablement sombre, drôle et sensible, Pain et chocolat narre les "aventures" d'un italien (Manfredi, magnifique) immigré en Suisse pour y trouver du travail et, on le comprend rapidement, sa dignité. Le film, d'une extraordinaire cruauté tout en ne négligeant pas les moments d'émotion et de tendresse,  est construit sur une succession de ruptures, comme un aller-retour permanent entre l'optimisme et le pessimisme, avec des situations comme seule la cinéma italien pouvait nous en proposer (le meurtre inaugural -putain, ça c'est du cinéma !-, le poulailler, le baraquement des ouvriers, l'épisode du riche italien réfugié dans le pays de l'horlogerie pour raisons fiscales, la retransmission du match de foot dans le bar). Enquiller les superlatifs serait vain, il faut le voir pour mesurer sa profondeur, apprécier son intelligence, admirer son comédien principal, rire et chavirer avec lui. Chef-d'oeuvre !